Alexandre était heureux. Très heureux. Cette fille qu'il convoitait depuis des mois ; cette fille mince, blonde comme les blés, les yeux comme des lagons qui tranchaient avec le rose pâle de ses joues... Cette fille lui avait dit “oui”.

Depuis des mois, il balisait dans sa chambrette étudiante en pensant au moment où il l'aborderait. Il dormait mal. Il avait presque foiré ses exams de droit. Le courage, qu'il glorifiait avec ses potes dans les soirées et les réunions, lui manquait dès qu”il la croisait. Guillaume, à la salle, l'avait capté et s'était foutu de lui : “Tu ressembles à un chasseur qui flippe devant sa proie ! Faut pas réfléchir ! Tu shootes et tu profites, merde !”

Il avait suivi le conseil, il n'avait pas réfléchi, il était allé la voir dès qu'il avait pu. Il avait interrompu les autres meufs qui étaient avec elle et avait avouer ses sentiments. Pendant un 1 ou 2 secondes, elle n'avait pas répondu. Avait-t-elle était prise au dépourvue ? Avait-t-elle été gênée par la présence de ses copines ? Il s'en foutait parce qu'elle lui avait dit “Ok pour un date”.

Il était ivre de joie quand il rentra chez lui ce soir là, il marchait d'un pas joyeux, il sautillait presque, il traversa la rue devant l'immeuble et PAF LE FAF.

Quelques mois plus tard, l'enquête conclut que la femme qui avait écrasé Alexandre ne pouvait être tenue pour responsable de l'accident. Elle ne dit rien aux enquêteurs mais son traumatisme fut bien amoindri quand elle apprit que le jeune homme militait dans une organisation d'extrême-droite.